La Grande Bretagne a-t-elle eu raison, en 2011, de « réguler » et d’imposer le « BIM niveau 2 » pour ses marchés publics de construction ?
On peut en douter selon le cabinet anglo-saxon USP Marketing Consultancy qui étudie le déploiement du BIM dans la construction européenne depuis cinq ans. Selon sa dernière enquête, qui concerne aussi bien les grands projets immobiliers que la maison individuelle, le BIM aurait tendance à stagner Outre-Manche.
La raison ? les faibles incitations gouvernementales et l’insuffisante utilisation du BIM dans le secteur de la construction de maisons individuelles qui représente la majorité du marché. Avec un taux d’utilisation du BIM voisin de 40%, la Grande-Bretagne perd sa première place, mais reste néanmoins en seconde position dans le classement européen.
La première place est désormais occupée par les Pays-Bas avec un taux d’environ 60% de construction réalisées en BIM. Ce bon score serait dû à la spécificité du secteur de la construction individuelle qui met en œuvre des programmes englobant un grand nombre de maisons identiques et donc bien adaptés à l’utilisation du BIM.
La France rattrape son retard
Placée en dernière position en 2013, lors du premier baromètre, la France est remontée à la 3ème place en 2017 avec plus de 30% des projets immobiliers réalisés en BIM.
On peut déduire de cette progression rapide que la stratégie gouvernementale mise en place en 2015 avec le lancement du PTNB, porte ses fruits et stimule les entreprises travaillant avec l’Etat. A cet égard le logement social semble jouer un rôle moteur.
Après un début difficile, le BIM connaît une progression spectaculaire en Belgique puisque son utilisation a triplé entre 2013 et 2017 propulsant le pays en 4ème position du baromètre. Les incitations gouvernementales mais aussi l’influence des Pays-Bas et de la France sont probablement à l’origine de ce renversement de situation.
Dans le baromètre d’adoption du BIM en Europe, on trouve ensuite l’Espagne, un pays qui incite fortement les acteurs publics à digitaliser leur approche et leur impose de passer des marchés avec des entreprises maîtrisant le BIM. Mais l’Etat jouant un rôle moindre dans les projets de construction nationaux, la croissance du BIM y est moins rapide qu’en France.
A noter dans les enseignements de l’étude, la progression assez lente du BIM en Allemagne. Il semble qu’assez peu d’acteurs publics en exigent la maitrise chez leurs partenaires et fournisseurs. L’autre facteur pénalisant serait le poids particulièrement important des opérations de rénovation, moins propice à l’utilisation du BIM par rapport à la construction neuve.
D’après le cabinet USP Marketing Consultancy, c’est l’Italie qui occupe la dernière place du classement. Le marché transalpin est lui aussi fortement tourné vers la rénovation et les incitations gouvernementales sont très faibles. L’étude apporte aussi des enseignements intéressants s’agissant des pays d’Europe de l’Est comme la Pologne en particulier. Bien que le marché de la construction soit particulièrement porteur le BIM est globalement peu utilisé faute d’incitation gouvernementale auprès des acteurs de la filière Construction.
A contrario, on note un rapide développement du BIM dans des pays comme la Finlande, la Norvège et le Danemark qui bénéficient d’un fort soutien des pouvoirs publics.
Le message concernant la France est fort ! Les démarches entreprises jusqu’à présent par tous les acteurs, ne sont donc pas vaines et doivent être largement démultipliées et renforcées.