Pour favoriser le développement d’écosystèmes IoT (Internet des objets) interopérables, les acteurs de la filière BTP doivent mettre en œuvre des formats d’interopérabilité de données standardisés ouverts
Thermostats intelligents permettant de piloter le chauffage à distance, éclairage intelligent, détecteurs de mouvement, systèmes de sécurité connectés, capteurs de qualité de l’air, dispositifs de gestion de l’énergie, compteurs intelligents, etc. Au cœur de la convergence bâtiment – télécommunication, les objets connectés ou IoT (Internet des objets) sont de plus en plus utilisés dans les bâtiments pour améliorer l’efficacité énergétique, la sécurité, le confort et la gestion des ressources.
Pour des raisons de sécurité, de fiabilité et pour garantir leur interopérabilité – important gage de performance – ces objets sont soumis à des normes qui définissent précisément les protocoles de communication utilisés pour échanger des données. L’objectif est de garantir la cohérence et la compatibilité des données entre les différents appareils IoT. Ces normes d’interopérabilité permettent aux appareils de différents fabricants de fonctionner ensemble de manière transparente.
Au-delà des équipements informatiques les industriels en quête de durabilité doivent impérativement prendre en compte ces formats d’échange de données et, dans ce cadre, utiliser des solutions standardisées « ouvertes » ayant déjà fait leurs preuves. Et ces standards doivent être extensibles car les projets IoT sont déployés sur le terrain pour une dizaine d’années ou plus.
L’association oneM2M (One Machine-to-Machine)* est un organisme de normalisation mondial qui se consacre au développement de normes techniques pour l’Internet des objets (IoT) et la communication machine à machine (M2M). Son objectif principal est de favoriser l’interopérabilité entre les appareils, les systèmes et les applications IoT/M2M, quel que soit le secteur d’application. L’association qui collabore avec l’ETSI (Institut européen des normes de télécommunications) désire contribuer à la normalisation mondiale des technologies IoT/M2M grâce à un standard réduisant l’empreinte carbone des IoT à toutes les étapes de leur vie tout en permettant l’interopérabilité des services et applications du M2M et de l’Internet des objets. Un livre blanc intitulé “IoT for Sustainability” a été publié fin 2022 pour lister les fonctions clés minimisant la consommation d’énergie et l’empreinte carbone des déploiements IoT.
En France c’est CINOV Digital qui œuvre pour l’interopérabilité des données dans l’univers du bâtiment connecté et de ses applications. Comme l’a expliqué Didier Balaguer lors de la récente conférence organisée dans le cadre du salon Innopolis, Cinov Digital s’engage fortement dans l’effort de normalisation mené par l’European Telecommunications Standards Institute (ETSI). Dans le cadre de ses travaux de pré-normalisation Cinov Digital vient de développer une solution de connexion standardisée de type connecteur opendthX. Le document préparatoire propose un exemple de formulation du standard opendthX en harmonie avec le standard JSON-LD destiné à faciliter la production d’une maquette IFC avec des contenus structurés.
Gouverné par des acteurs de la filière constructive via l’association ALLIANCE DU BATIMENT, le format opendthX est destiné à assurer l’interopérabilité entre contenus numériques et logiciels métier de la construction. Grâce à lui tous les acteurs d’un projet constructif apportent leur contribution au processus BIM en rendant possible l’accès à tout type de contenus au travers de tout type d’application indépendamment des outils. La solution permet aussi d’enrichir des objets, de normaliser la donnée d’entrée dans les logiciels métier mais aussi d’optimiser les transferts de données grâce à l’usage du concept data.
*Plus de 200 sociétés ont contribué à l’élaboration des dix spécifications du standard oneM2M au travers des sept organismes de normalisation (Etsi, Arib, TTC, Atis, TIA CCSA, TTA) et des cinq associations industrielles qui soutiennent aussi les travaux (Broadband Forum, Continua Health Alliance, Home Gateway Initiative, New Generation M2M Consortium, Open Mobile Alliance).
Des données forcément interopérables
L’élaboration d’un langage commun favorisant l’interopérabilité des données est capitale car cette dernière conditionne l’ensemble du processus constructif. Elle permet, en effet, d’éditer une bibliothèque de modèles d’objets génériques exploitables dans tout type d’application afin d’élaborer un Dossier de Consultation des Entreprises (DCE) au format IFC. Elle permet également d’éditer une proposition d’un ouvrage au format IFC, d’élaborer collectivement un DOE (Dossier des Ouvrages Exécutés – jumeau numérique du bâtiment) au format IFC, d’éditer un catalogue de produits ou systèmes constructifs exploitables dans tout type d’application, d’interroger un catalogue, de configurer et de télécharger un produit, d’interroger un objet connecté et de piloter un objet connecté depuis n’importe quelle application. En France le potentiel de valeur de l’interopérabilité des données constructives est estimé entre 20 et 90 milliards d’euros/an.