Les uns après les autres les pays européens vont rendre le BIM obligatoire pour leurs marchés publics d’ici à 3 ou 5 ans. Derniers exemples en date : l’Italie et l’Allemagne pour leurs projets d’infrastructures publiques. Pour l’instant la France « incite » mais n’impose pas…encore.
Déjà bien implanté dans des pays comme la Finlande, la Norvège, le Danemark ou les Pays-Bas, le BIM poursuit sa poussée en Europe.
Après le Royaume Uni qui a montré la voie en imposant le BIM dès 2016 pour les marchés publics d’état, d’autres pays européens légifèrent dans ce domaine.
L’Italie en route pour le BIM
Désireux de rattraper son retard, l’Italie ambitionne désormais de rendre le BIM obligatoire pour ses marchés publics d’ici à 2022. Dans les prochains jours, une commission d’experts dirigée par Pietro Baratono – un spécialiste du numérique dans les marchés publics – doit définir un planning et les modalités de mise en place destiné aux administrations et aux entreprises. La généralisation va se faire de façon progressive et en fonction de la taille des projets. Le BIM sera d’abord obligatoire (en 2019) pour les projets dépassant 100 millions d’euros, soit une trentaine chaque année. L’obligation sera ensuite élargie à d’autres travaux selon leur nature. Le critère ne sera pas le montant des travaux mais leur complexité et le degré d’exigences des normes de sécurité auxquelles ils sont soumis.
L’Allemagne veut définir des objectifs réalistes
Se considérant comme le pays européen le plus innovant dans le domaine du bâtiment et de la construction(*), l’Allemagne se donne trois ans pour rendre obligatoire le BIM dans les projets d’infrastructures de transports.
Selon les pouvoirs publics c’est un bon moyen d’optimiser l’efficacité des sommes croissantes (32 milliards d’euros en 2016 et 2017) investies dans ses projets d’infrastructures. Après une phase préparatoire, en 2017, le BIM sera expérimenté durant une période « pilote » de deux ans puis définitivement imposé en 2020 pour tous les nouveaux projets lancés par le Ministère fédéral des Transports et des Infrastructure numériques.
Afin de conduire le changement, un groupe de travail BIM » baptisé « Planen Bauen 4.0 » (Plan construire 4.0) a été créée par les principales associations représentatives de la construction d’infrastructures. Il définira les modalités techniques, économiques et juridiques de mise en œuvre du BIM au niveau national ainsi qu’un planning d’application. Il fournira aux acteurs concernés des directives et documents types (BET, conventions, etc.) et les accompagnera dans les actions de formation destinées à faire monter en compétences les employés et décideurs impliqués dans les projets d’infrastructure routières.
Hochtief Vicon(**), un spécialiste du BIM, est chargé d’établir la feuille de route visant à améliorer les processus de planification et de construction des grands projets. Plusieurs opérations pilotes seront lancées en vue de les rendre plus efficaces, transparents et contrôlables. En fonction des résultats obtenus, les experts définiront un objectif de performance « réaliste » pour la mise en œuvre du BIM en 2020. En parallèle à cette démarche, les autorités incitent les industriels à fortement s’investir dans la diffusion du BIM et dans l’élaboration des normes européennes qui sont à l’étude dans ce domaine
Et la France dans tout ça
Ces choix stratégiques obligent la France à s’interroger. Un temps annoncé obligatoire dès janvier 2017 pour les marchés publics, le BIM ne l’est pas encore dans les faits. En phase avec la directive européenne qui laisse à chacun le soin « d’imposer ou d’inciter », la réglementation française relative aux marchés publics fait référence au BIM mais sans créer d’obligation.
La question de savoir s’il faut ou non imposer le BIM par la loi aux maîtres d’ouvrages et avec quelles modalités éventuelles reste donc plus que jamais d’actualité.
Ce sont donc les nombreuses initiatives individuelles (Maîtres d’ouvrages, promoteurs, entreprises générales, etc) qui vont réellement structurer le marché du BIM.
* Plus de 50% des brevets européens déposés dans le secteur bâtiment / construction seraient détenus par des entreprises allemandes et plus de 50% de tous les nouveaux brevets seraient déposés par l’Allemagne.
** Hochtief Vicon est une filiale du groupe allemand Hochtief fondé en 1874 et qui emploie près de 70 000 salariés dans la construction de tunnels, barrages, ports, aéroports, etc